MIGRATIONS BRETONNES et « Monde Celte »
L'histoire de la Bretagne en branle
Celtique ? L'histoire de la Bretagne est ébranlée par les débats sur les origines de nos spécificités régionales. En prélude à la conférence de Yannick Lecerf lors de la soirée Celtomania 2 du 13 février 2024, quelques bribes de la polémique et aussi des connaissances nouvelles qui nous bousculent....
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Premier Forum CELTE jeudi 3 août 2023 à Rennes à l'initiative de la région Bretagne, avec Ecosse, Irlande, Galice, Cornouailles, Pays de Galles, Asturies et Bretagne. Au programme : mobilité étudiante dont Erasmus celte avec l'Ecosse et le Pays de Galles, nouvelles routes maritimes avec l'Irlande, pêche, énergies marines, CULTURE et LANGUES RéGIONALES...Colloque à l'Inter-Celtique de Lorient, organisé par l'Institut culturel de Bretagne le 4 août : avec plus de 500 personnes, archéologues, historiens, linguistes, spécialistes des relations interceltiques... On plonge dans notre Histoire, entre 600 et 700 ans av JC. En Ecosse et Irlande où les Romains n'ont jamais réussi à s'implanter, la civilisation celtique a perduré, ainsi que leur langue gaëlique (dont migration de Scots irlandais vers l'Ecosse). Avec les migrations, les langues celtes, dont le brittonique, ont évolué tout en préservant une base commune. Si l'interceltisme est associé à une notion romantique qui a fleuri au XIXè siècle, il est basé sur une authentique réalité linguistique et fait partie de notre culture bretonne. Il l'a influencée dans la musique et le chant, des bagadoù au Kan ar Bobl. C'est une identité qui évolue avec son temps. Le Brexit : au FIL, rencontre entre le Premier ministre gallois, un ministre irlandais et le président de la région Bretagne; ce Brexit a incité les Gallois et les Ecossais à tisser des liens plus forts avec leur petite soeur, la Bretagne.
O.F. 25/11/2024 : "La riposte de ces druides face aux dérives" ;13 groupes druidiques ont présenté à Carhaix une charte éthique 2024. Venus de "Bretagne, de Gaule (!), de Belgique, d'Italie et du Portugal, la charte trouve un "fondement historique depuis la civilisation celtique à l'Age du fer, ... avec une résurgence du 18ème siècle (portée par les Romantiques puis l'Académie Celtique?)" voir sur www.chartedruides.eu le "référentiel commun où chaque groupe conserve son indépendance et ses particularités." par Mariam Fournier
- "L'identité celte est une construction" pour le musée de Bretagne à Rennes.
- Migrations bretonnes en Armorique
- Le kilt, les Celtes et leur (s) mode (s) avec Yannick Lecerf
- Carlos Nuñez, aux sources de la musique celtique
- Yannick Lecerf, livre et Conférence à Acigné "CELTOMANIA"
- "L'Océan pour horizon, histoire maritime de la Bretagne des origines à nos jours" (Yannick Lecerf)
- Sites préhistoriques dans le Morbihan et Dol-de-Bretagne
"L'identité celte est une construction" pour le musée de Bretagne à Rennes.O.F. 29/9/2022
"EXPOSITION CELTIQUE" des Champs Libres - Visible depuis le printemps, elle est dénoncée comme "partiale" : "parce que, à la suite du retrait de parrainage d'Alan Stivell, et aux critiques dont celle de Ronan Le Coadic, sociologue à Rennes 2, la direction des Champs Libres a reconnu des maladresses..." explique Denez Marchand, conseiller départemental d'Ille et Vilaine en charge de la culture et de la promotion des langues de Bretagne. Il a signé avec huit autres élus UDB (Union démocratique bretonne) et un élu Vert une tribune qualifiant l'exposition "Celtique" de partielle et partiale. Conclusion de l'exposition : "Il n'y a pas de filiation directe entre les faits culturels d'aujourd'hui et ceux des populations de l'Antiquité. Le point de vue des archéologues prédomine dans l'exposition. Pour eux, la période s'arrêterait à l'Age de fer, et aucun fait culturel, pas même la langue bretonne, ne la relierait à aujourd'hui, ajoute Denez Marchand. Ce que l'on attend désormais c'est que le catalogue de l'exposition mette aussi en valeur d'autres points de vue." Gauthier Aubert, professeur d'histoire moderne à Rennes 2, rappelle que l'exposition a choisi le ton de l'humour pour "déconstruire" les approches essentialisantes de l'histoire régionale. Et Manon Six, conservatrice du patrimoine et commissaire de l'exposition enfonce le clou : "Cette Bretagne celtique est le résultat à la fois d'une histoire particulière dès le Haut Moyen-Age et d'une construction (culturelle, historique, politique, ...) L'essentiel est de ne pas être dupe de la manière dont s'élaborent les identités culturelles... L'héritage qui compte est toujours celui que l'on décide." par Fabienne Richard
Nota : une étude génétique fut menée par des équipes universitaires à Brest et Nantes en 2019 sur les variations du génome basées sur le SNP (Single-nucleotide polymorphism). Les composantes dominantes des clusters déterminent des espaces géographiques : il apparait clairement que le cluster majoritaire en Bretagne l'est également en Loire-Atlantique et s'en va également en Mayenne jusqu'aux portes Ouest de la région parisienne. Un autre cluster indique une dominante occitane en lien avec une base géographique liée à la langue Oc et enfin un troisième cluster basque-gascon.
MIGRATIONS BRETONNES en ARMORIQUE
Entre réalité et légende, lorsque l'IMAGINAIRE s'impose face à l'Histoire, le message transmis s'égare parfois dans des chemins de traverse.
Une image d'Epinal ne fait pas l'Histoire : cette image de MOINES TRAVERSANT la MANCHE sur des AUGES de PIERRE pourrait prêter à sourire. Débarquant sur les côtes septentrionales de l'Armorique, St Guénolé, St Meen, St Gelvin, St Brendan (Brendan) et tous leurs congénères créateurs d'abbayes, de paroisses et d'ermitages occupent une place importante dans les discours vernaculaires. Ressassées à l'infini, ces convictions viennent occulter les actes historiques participant largement à la création de notre IDENTITé RéGIONALE. Alors, si on accepte de scruter les faits, si on soulève le voile des phantasmes, on perçoit une autre réalité concernant les liens qui unissent les peuples des contrées littorales de la Manche. Une réalité où transparait la volonté des hommes à s'ouvrir aux autres. Une réalité aux origines décelées dès les temps préhistoriques.
ORIGINE DES CONTACTS OUTRE-MANCHE : oublions les auges de pierre pour les remplacer par de solides bateaux construits en bois. Les archéologues SUéDOIS de l'Université de Göteborg nous apprennent la DIFFUSION du MéGALITHISME ARMORICAIN dès le début du Néolithique sur l'ensemble des pays ouverts sur la FAçADE ATLANTIQUE. Ainsi donc nos ancêtres étaient déjà des précurseurs! L'Histoire maritime de la Bretagne permet de comprendre la réalité de contacts et d'échanges débutés dès ces temps anciens (vers - 4 800 ans avant notre ère).
Durant l'Age du Bronze, c'est un véritable COMMERCE MARITIME qui s'instaure. La "CASSITéRITE" (espèce minérale à base d'oxyde d'étain de couleur jaunâtre, brun-rouge à noire, dont on tirait un métal très convoité), l'ambre de la Baltique, et d'autres matériaux transitent d'une région à l'autre. Par leurs infrastructures et l'intensité du trafic, des ports se remarquent sans difficulté à l'Age de Fer de chaque côté de la Manche. Ils se multiplieront durant la période gallo-romaine pour soutenir une activité maritime prospère. De la péninsule ibérique aux Pays nordiques en passant par les îles britanniques, des marchandises et des hommes se déplacent. Par une confrontation des cultures, ils s'enrichissent de nouveaux savoirs.
Les MIGRATIONS du HAUT-MOYEN AGE suivent des routes connues : durant la phase finale de l'occupation romaine, la petite Bretagne se trouve confrontée à une suite de soulèvements et de révoltes (les Bagaudes). Pour tenter de stabiliser les communautés, des cohortes de l'armée romaine (stationnées en Grande Bretagne) sont envoyées sur le continent en 184, 287 et 293. En 383, le général Maxime débarque avec une troupe importante. Ce puissant contingent est suivi de plusieurs communautés civiles fuyant les conflits locaux de territoires en Outre-Manche.
A partir du Vè siècle, alors que le pouvoir romain s'est effondré en Gaule, CLOVIS ne parvient pas à soumettre la PéNINSULE BRETONNE. Lors de la difficile succession qui oppose ses deux fils Clotaire et Childebert (511 - 538), par stratégie politique, ce dernier FAVORISE l'IMMIGRATION de GRANDE-BRETAGNE. Fuyant l'instabilité occasionnée par les PICTES, les JUTES et les SAXONS, des communautés entières quittent le Pays de Galles et les Cornouailles britanniques. Elles seront suivies par les migrants irlandais chassés par la présence agressive des Scots.
Arrivants dans des contrées déjà connues et au contact avec des populations fréquentées depuis des MILLéNAIRES, ces émigrés auront peu de difficultés pour s'intégrer. Reproduisant sur place leur organisation sociétale, établie autour d'un leader (le MACHTIERN), elles s'inscriront dans les schémas reconnus et acceptés par les groupes autochtones.
En suivant les mêmes parcours migratoires, les ecclésiastiques, qu'ils appartiennent à l'ordre régulier, ou qu'ils soient "gyrovaques" - moines itinérants et solitaires -, seront à l'origine d'abbayes, de paroisses ou d'ermitages. Leur sanctification RAREMENT RECONNUE par la papauté ne réduira pas la dévotion du peuple.
Si on estime à environ 50 000 personnes débarquées durant cette séquence du haut Moyen Age, il apparait évident que ces migrations ainsi que toutes les précédentes auront marqué le PARTICULARISME IDENTITAIRE des populations de Bretagne. Ces déplacements de populations se poursuivront jusqu'au XVIIIè siècle par la venue importante de Jacobites fuyant le règne de Guillaume d'Orange.
Quand la SCIENCE bouscule les CONVICTIONS : venant confirmer ces faits, le grand programme d'ETUDES GéNéTIQUES (Acide Désoxyribonucléique) lancé ces dernières années sur l'ORIGINE des PEUPLES de l'EUROPE OCCIDENTALE montre un réel PARTICULARISME BRETON.
Si, comme l'ensemble des Européens, nous détenons encore quelques gênes hérités du Néandertal, les chercheurs nous apprennent toutes les influences de la longue saga du peuplement régional. On peut reconnaître des traces communes dues aux apports des MIGRATIONS NéOLITHIQUES venues du PROCHE-ORIENT (Croissant Fertile). Les EXPATRIATIONS BRETONNES, aujourd'hui parfaitement attestées, apparaissent nettement marquées dans notre chaîne ADN. Le bref passage des VIKINGS (à peine un siècle) n'a pas échappé à l'analyse des chercheurs. En conclusion, dans leurs publications, les scientifiques reconnaissent un PARTICULARISME NETTEMENT AFFIRME sur les 2 300 analyses effectuées sur des sujets de souche bretonne péninsulaire. Associés aux autres découvertes archéologiques ces éléments nous appellent à la prudence dans certaines affirmations.
Des CELTES ATLANTIQUES? Aussi, pour trouver une explication rationnelle au particularisme des peuples de la péninsule armoricaine, ne pouvant rejeter les éléments factuels et pour ne pas rompre avec des mythes entretenus, certains spécialistes proposent l'idée d'une souche Celte/Atlantique. Cette proposition qui s'appuie sur la fréquence des croisements de populations littorales du Néolithique jusqu'au XVIIIè siècle, réduit sensiblement l'impact des INFLUENCES d'EUROPE CENTRALE.
En s'invitant dans le débat, les avancées de la recherche scientifique nous imposent la réflexion. Par Yannick LECERF, janvier 2022.
Les GAULOIS, peuples Celtes ainsi appelés par les Romains. Ils n'étaient pas de rustres braillards moustachus. Ils n'habitaient pas au coeur de forêts impénétrables et leurs repas ne comportaient quasiment jamais de sangliers, animal sacré. Seuls les aristocrates étaient autorisés à chasser le gros gibier. Les fouilles archéologiques ont mis à jour très peu d'ossements d'animaux chassés, et encore moins d'os de sangliers. En revanche, les Gaulois étaient d'excellents agriculteurs et éleveurs : après avoir défriché d'immenses étendues de forêts, ils avaient créé des milliers de fermes sur lesquelles ils cultivaient des céréales, des légumineuses. Ils élevaient des porcs, des bovins, des moutons, des chèvres, des chevaux et des volailles... L'analyse chimique des fonds de marmites et des résidus imprégnant les pots en céramique permet d'identifier les aliments utilisés. Les plats devaient ressembler à nos actuels pot-au-feu (viandes bouillies avec des légumes frais et secs) et lors des banquets des viandes grillées.
Le peuple se nourrissait surtout de céréales : blé, orge, épeautre (blé tendre), froment et parfois avoine et millet. Le seigle ne sera cultivé qu'à partir du Ier siècle, après la conquête romaine. Seuls le froment et l'épeautre, riches en gluten, permettaient d'obtenir un pain "levé". Les autres céréales étaient consommées sous forme de bouillies, de galettes ou de soupes à la farine torréfiée. Le menu gaulois comportait aussi des légumineuses, lentilles, pois, fèves, ... et des légumes, navets, carottes, panais, choux verts ou raves, poireaux, oignons, ail, ...Les mets pouvaient être relevés avec des herbes aromatiques et des épices locales comme la moutarde noire. Les prunes étaient les seuls fruits issus d'une espèce domestiquée, les autres étaient cueillis sur les arbres ou plantes sauvages : pommes, prunelles, merises, framboises, fraises des bois et raisins. Certains fruits secs étaient ramassés : noisettes, noix, glands, et quelques plantes étaient cultivées pour leurs graines, souces d'huile : pavot (huile d'oeillette), lin et cameline. Les autres aliments d'origine animale étaient le lait (vache, chèvre, brebis), le beurre et les fromages, les oeufs et les poissons de mer ou d'eau douce.La viande était issue d'animaux domestiqués avec également des chevaux et des chiens consommés dans le cadre de banquets et cérémonies religieuses. Les animaux étaient de petite taille : la vache gauloise dépassait à peine 1 mètre au garrot et pesait 200 kg contre 1,50 m et 700 kg pour une vache actuelle. Le cheval ne mesurait que 1,25 m, soit la taille d'un poney, et le porc pesait moins de 80 kg contre 250 kg aujourd'hui. La belette était présente dans tous les villages : elle avait probablement été domestiquée afin de pourchasser les rongeurs, le chat domestique n'étant pas encore présent.
Grecs et Romains s'étonnent des banquets gaulois. Ainsi le grec Posidonios note que les convives s'installent sur des litières de paille ou de branchages déposés sur le sol. On mange assis et les agapes peuvent donc s'éterniser. Pour nourriture, des pains en petit nombre et beaucoup de viande cuite dans l'eau ou à la broche. La hiérarchie sociale est visible avec des participants placés d'autant plus près du personnage central qu'ils ont un rang social élevé. Les mangeurs forment un cercle qui symbolise la solidarité du groupe, les servants prenant place dans un second cercle, placé derrière celui de leurs maîtres. Les élites gauloises avaient une passion pour le vin pur bu en grandes quantités pendant leurs banquets. Cela permettait d'afficher sa richesse, le vin étant importé d'Italie, de Grèce ou d'Espagne, et renforcer son autorité sur les hôtes. Grecs et Romains coupaient toujours leur vin avec de l'eau en le consommant après avoir mangé. Les Gaulois assimilaient le vin rouge au sang (de la vigne) : c'était un breuvage alcoolisé magique et régénérateur qui redonnait vie et procurait force et courage aux guerriers, en se rapprochant des divinités. Mais dans le cadre privé le vin était coupé d'eau, à la mode romaine. D'après la table de l'Histoire d'Eric Birlouez
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"Sur les traces de nos ancêtres les Gaulois" par Martin Bostal O.F. 1/9/24 Le second âge du Fer, qui s'étend entre le Vè et le Ier siècle avant notre ère, est souvent présenté comme l'apogée de la culture des Celtes, un ensemble de populations qui s'étendaient des îles britanniques jusqu'en Pannonie, dans la vallée du Danube.Les historiens considèrent aujourd'hui que les Celtes n'ont jamais été un peuple partageant une même identité.
C'est au cours du XVIIIè siècle qu'ils renaissent comme une communauté imaginée : sous prétexte d'un regroupement linguistique, de nombreux territoires fantasment alors un héritage celte dont le folklore entremêle des éléments qui remontent parfois à la Préhistoire, avec des productions médiévales bien plus tardives. Même si cet imaginaire reste tenace en Europe, avec des ancrages identitaires régionaux et nationaux, de la Bretagne à l'Irlande gaëlique, il est plus judicieux de parler de langues, de croyances et de cultures celtes que de faire de la "celticité" une unicité ethnique.
Parmi ces peuples, les "Gaulois" désignent, pour les Romains, ceux qui habitent la Gaule, un large territoire compris entre le Rhin, les Alpes et les Pyrénées, et dont la conquête est achevée en 51 avant J.C. par Jules César. De culture orale, ils nous sont principalement connus par les commentaires qu'en ont faits les auteurs grecs et romains, à l'image de Strabon qui détaille l'organisation sociale, les moeurs, l'alimentation et jusqu'aux vêtements des "barbares de Gaule". Malgré leur apparente objectivité, ces écrits généralisent et gomment les particularités des différents peuples. Ils les présentent comme simples, valeureux, mais désorganisés et, par conséquent, plus heureux en tout depuis qu'ils sont sous la domination de Rome. Les données archéologiques viennent compléter ces textes, montrant la richesse de la production agricole, artisanale et artistique des Gaulois avant la romanisation et la fusion qui s'opère avec la culture italique.
Dominé par une aristocratie guerrière, le mode de vie rural des tribus gauloises connaît une urbanisation au cours des IIè et Ier siècles avant notre ère : c'est la civilisation des OPPIDA, un modèle illustré notamment par le site fortifié de Bibracte (Saöne-et-Loire). La culture matérielle de la Tène, qui doit son nom à un site archéologique situé en Suisse, se développe et évolue également dans ces territoires celtiques en leur conférant une forme de cohésion. Son art singulier se caractérise par un usage de rinceaux entrelacés et de décors animaliers qui perdurera dans les îles britanniques jusqu'au haut Moyen-Age.Les costumes : le sayon, sorte de cape ou de long manteau couvrant le corps, les raies larges et flottantes et les tuniques descendant à mi-cuisse. Les motifs rayés ou à carreaux obtenus par un tissage en sergé de laine sont mentionnés comme une particularité des Gaulois par Diodore de Sicile, un historien grec du Ier siècle avant notre ère. Par le biais du tartan écossais, ils sont devenus un symbole des peuples celtes.
LE KILT, les Celtes et leur (s) mode (s) avec Yannick Lecerf
Yannick LECERF, archéologue et préhistorien, complète les données sur le "KILT" : comme de nombreux arguments auxquels tentent de s'accrocher les inconditionnels du Celtisme, le KILT, qu'il soit écossais, gallois ou irlandais, est totalement étranger aux cultures celtes. Ce type de vêtement était déjà porté dès le IXè siècle par les Scandinaves. Lorsque les premières incursions Vikings abordent l'Ecosse, les autochtones constatent que leurs agresseurs portent ce type de vêtement court, donnant plus d'aisance au mouvement. S'il est difficile d'affirmer que cette influence vestimentaire ait pu dès lors être adoptée, on sait par contre que, lors de la conquête de l'Angleterre par Guillaume Le Conquérant au XIè siècle, parmi les troupes normandes (et un tiers de Bretons) qui l'accompagnent, certaines portant le kilt iront s'installer dans la partie écossaise du pays.
Nota AG : dans ce "tiers de Bretons" figurent les descendants des STUART venant de Dol-de-Bretagne et qui s'installeront en Ecosse. Portrait de Marie Stuart -
A partir du XVIIIè s., lors du conflit entre Jacques II Stuart et Guillaume d'Orange, les "Jacobites" protesteront à la création du Royaume Uni en portant un kilt pour se reconnaître. En fait c'est surtout son interdiction promulguée en 1745 qui va réellement lancer sa mode dans les Highlands. Par la suite, des auteurs comme Oscar Wilde ou Bernard Shaw continueront cette tradition vestimentaire dans leurs productions littéraires ou théâtrales.
Comme on peut le constater avec l'histoire du KILT, on reste bien éloigné de toutes les références celtiques. L'origine linguistique, les croix celtiques, l'écriture oghamique, le triskell, le livre des Kells ou les enceintes protohistoriques et médiévales prises pour des oppida sont des bases bien fragiles, souvent déconnectées de la période de l'Age du Fer. Elles soutiennent tant bien que mal des convictions malmenées par les avancées de la recherche archéologique et paléographique.
Nous savons aujourd'hui que l'origine de la forte identité des peuples armoricains remonte au début du Néolithique. Ce fait, rejeté quand il est proposé par les archéologues et historiens français, commence par être admis lorsqu'il est confirmé par les archélogues de l'Université Göteborg (Suède). Il faut rester ouvert et accepter la controverse...
On va finir par reconnaître aux BRETONS la paternité de leur forte identité culturelle sans avoir besoin de l'attribuer à des groupes d'immigrations venues de l'Est."
De nos jours la Bretagne a enregistré 17 TARTANS parmi lesquels les neuf "Pays" Kerné, Léon, Trégor, Gwened, Dol, Saint-Malo, Rennes, Nantes et Saint-Brieuc; ajoutons le Britanny national (mars 2002), le Britanny Walking (de chasse), le Menez Du, le Spered Menez Are (Esprit des Monts d'Arrée), le Bro Vigouden, le Britanny National Grey, le Groe (Groix) et le "Chevalier breton". Depuis 2005, le "National Normandy" rappelle les liens entre la Normandie et le peuple d'Ecosse depuis l'invasion de Guillaume Le Conquérant en 1066.
CARLOS NUNEZ, O.F. lundi 11 mars 2019
www.turismo.gal www.bretagne-celtic.com www.terresceltes.net
Le plus breton des Galiciens, virtuose de la gaïta, a consacré trois ans de recherches à un livre événement qui donnera un état des lieux des récentes découvertes, sidérantes, sur le monde celte et sa musique. "Le Celtes font partie des peuples qui façonnèrent l'Europe. Porteurs d'une même culture matérielle et artistique, ils nous étaient essentiellement connus grâce aux écrits grecs et romains. Aujourd'hui, les découvertes issues de nouvelles disciplines comme l'anthropologie, la paléo-climatologie et la génétique des populations remettent en cause la théorie de l'origine unique de la civilisation celtique. Issues de la péninsule ibérique, des populations proto-celtiques se sont déployées le long des côtes atlantiques de l'Europe après le réchauffement climatique. Cette culture "atlantico-celtique" s'est donc propagée d'ouest en est! et non l'inverse! C'est une nouvelle réalité pour le monde celte.
Nous avons découvert des instruments sur lesquels jouaient les bardes celtes il y a 2 000 ans, des lyres trouvées en Ecosse et en Galice. Nous avons aussi beaucoup appris d'un document très ancien, le manuscrit "Ap Huw", qui contient les mélodies et les harmonies jouées par les anciens celtes. Ils utilisaient le système binaire, ça ressemble au code informatique : le 1 représente la tonique, le 0 la tension. Quel système ouvert et moderne! Cela explique en partie pourquoi la musique celtique est si vivante aujourd'hui..." par Frédérique GUIZIOU
Yannick LECERF, livre et Conférence à Acigné "CELTOMANIA"
Le mardi 3 mars 2015, la soirée "chants et danses de Bretagne" fut suivie d'une conférence dite "Celtomania", à l'invitation d'"Acigné Autrefois"". Le public nombreux fut enchanté de s'informer des travaux de recherche de l'archéologue Yannick LECERF, originaire de Betton. Le conférencier se fit une joie de dédicacer ensuite son dernier ouvrage :
"La Bretagne préhistorique, les peuplements, des origines à la conquête romaine", publié chez "Skol Vreizh". Disponible à l'"Encre de Bretagne" Place Hoche ou au "Forum du livre" galerie marchande Visitation à Rennes.
Yannick LECERF nous aura permis de vous informer d'extraits de l'ouvrage de 119 pages, lequel comporte de très nombreuses cartes et illustrations en couleurs que nous ne pouvons présenter ici. En septembre 2016 Yannick LECERF, archéologue,préhistorien, ancien conservateur du patrimoine à la Direction régionale des affaires culturelles, chargé de la gestion du patrimoine archéologique du Morbihan, a reçu l'insigne de chevalier dans l'ordre des Arts et des lettres. Une distinction remise par Nathalie Appéré, députée et maire de Rennes.
La recherche historique bénéficie des apports contemporains des avancées technologiques. Les interrogations sur les éléments déterminant la présence et l'importance du "monde celte" en Armorique sont actuellement réactualisées par nombre de chercheurs dont Vanceslas KRUTA, Professeur aux Hautes Etudes à la Sorbonne de Paris, Jean-Louis BRUNAUX , Directeur de recherches au CNRS spécialiste des Celtes, Patrick GALIOU, Enseignant/Chercheur à l'Université de Bretagne Occidentale à Brest, spécialiste de l'Histoire Antique. Il en est de même en Cornouailles, en Irlande et au Pays de Galles.
Ecoutez l'émission avec Jean-Louis BRUNAUX http://www.franceculture.fr/emission-le-salon-noir-les-gaulois-sont-ils-des-celtes-les-celtes-sont-ils-des-gaulois-2014-11-25
"Qui sont les Celtes?"
L'existence des Celtes est signalée dès le VIème avant JC. par des auteurs latins et grecs comme Hécatée de Milet puis Hérodote. Ces deux auteurs nous informent que le Danube prend sa source au pays des "Keltoï". Quelques décennies plus tard, Posidonios d'Apamée, Strabon, Tite Live et Pline l'Ancien évoquent l'existence de peuplades guerrières : les "Keltoï" en grec, "Celtae" en latin. Après que Rome eut soumis et organisé les peuples de Gaule, l'identité celte sembla sortir de la mémoire collective. Il faudra attendre le XVIIIè siècle pour voir certains érudits s'arrêter sur cette séquence de notre protohistoire.
"Quelle est donc l'origine de notre "Celtomania"?
C'est l'oeuvre au XVIIIè siècle d'un évêque anglais James Mac Pherson : un renouveau celtique naîtra dans l'ouest européen. Prétendant avoir découvert les écrits d'un barde légendaire nommé Ossian, l'écclésiastique mégalomane publia "les poèmes antiques d'Ossian". Ces publications, largement diffusées, furent très bien accueillies par une élite intellectuelle...
Nota O.F. 29/10/23 Bernez Rouz "En 1760 est publié en Ecosse "Fragments de poésie ancienne" collectés dans les Highlands et traduit du gaëlique. Le traducteur ,James Macpherson, attribue ces vers à un poète du IIIè siècle, OSSIAN. Le livre est popularisé en France par Diderot puis dans toute l'Europe. Macpherson, qui connaissait mal le gaëlique, voulut collecter les complaintes des Highlands. Il les arrangea et rajeunit l'écriture. - Il faut attendre 1946 pour trouver un texte d'Ossian en breton : Ossian revenu du paradis celte Tir n'a n'og (la Terre de l'éternelle jeunesse) retrouve le pays des Gaëls christianisé. - Ossian inspire les auteurs romantiques : Chateaubriand, Goethe, Beethoven et Schubert. Il est surtout à l'origine des grands collectages du XIXè qui touchent toute l'Europe : les frères Grimm en Allemagne, le Barzaz Breiz en Bretagne, ... Ses poèmes racontent l'histoire des Fenians, ces chevaliers gaëls au grand coeur qui défendent la justice et l 'entraide. Après avoir passé des épreuves physiques très dures, ils devaient jurer "qu'ils ne prendraient jamais femme que par amour et jamais pour leur richesse, qu'ils ne feraient jamais de mal à une femme, qu'ils aideraient les faibles et les indigents".
Alors qu'après la Révolution une nouvelle société entreprend sa construction, de nombreux érudits vont partir à la recherche des Celtes. C'est ainsi qu'encouragé par le Consulat, Jacques Cambry, Joseph Dubernard, Le Brigand, La Tour d'Auvergne, Louis Guiguené créeront en 1804 l'Académie celtique. Plus de quatre cents intellectuels et notables se regrouperont au sein de cette institution dont la finalité est la recherche de références historiques utiles à la nouvelle nation française. Durant les dix années qui suivront, l'ensemble des membres poursuivra la collecte d'idiomes, de traditions et de monuments attribuables aux Celtes, n'hésitant pas à leur prêter la construction des dolmens, menhirs et autres monuments mégalithiques des cultures antérieures. Emportés par l'enthousiasme du moment et la volonté de trouver des références culturelles à la nation naissante, ces académiciens, démunis des moyens de la science moderne et faisant fi de toutes les prudences élémentaires, s'engageront dans d'hypothétiques affirmations. Dès 1813, cette "Celtomania" sans retenue faisant naître les premiers doutes, opposera certains membres de l'Académie et aboutira à son sabordage en 1814.
Lorsque Napoléon III institue le second empire, son intérêt pour le celtisme le pousse à soutenir un vaste programme de recherches sur Alésia et Vercingétorix. C'est alors que se forgent définitivement les références celtes dans l'origine de notre culture.
"Mais pourquoi ce phénomène est-il aussi persistant en Bretagne?"
Par sa position géographique excentrée sur le vieux continent, la péninsule Armoricaine est, depuis les débuts de l'Histoire, considérée comme un monde en marge. Voir la carte grecque ci-dessous du VIè siècle av JC.
Nota Yannick LECERF : "C'est sur la base de ce type de document et sur des écrits des auteurs latins et grecs comme Polybe, Hérodote, Tymagène que les érudits du XVIIIè siècle se sont forgés l'intime conviction que la Bretagne avait de puissantes relations avec le monde celte. Et tout cela sans jamais avoir été capable d'en faire une démonstration étayée par des faits tangibles et vérifiables. A cela sont ensuite venues s'ajouter les divagations de quelques-uns comme William Stukelay qui ont attribué les mégalithes aux Celtes et John Aubrey qui recréa de toute pièce le "DRUID ORDER". Ce fameux 'DRUID ORDER" sur lequel se base encore aujourd'hui tous les nouveaux druides qui sévissent dans la sphère des pays dits celtiques et ceux de la forêt de Paimpont en "Brocéliande" (35)...
Epargné par les invasions successives et les brassages de populations, le breton apparaît comme un "aborigène" de sang non mêlé. Pourvue d'une haute identité culturelle, marquée par une forte concentration de monuments mégalithiques souvent mal interprétés, la Bretagne est une terre de légendes où le mythe l'emporte trop fréquemment sur la réalité. Certains académiciens celtomanes ont cru y trouver de nombreuses références alors favorables à leurs théories. Et, lorsque par ses descriptions de sacrifices humains sur les tables des dolmens dits celtiques, le courant littéraire du romantisme conduit par François-René de Chateaubriand s'en est mêlé, alors l'image est devenue trop forte pour ne plus laisser de place au doute sur cette réalité.
Qu'en est-il de la réalité celte?
Il faut admettre qu'il n'y a pas d'ethnie celte, donc pas de caractère anthropologique spécifique. On doit savoir que le celtisme est fondé sur des communautés migrantes se déplaçant avec femmes et enfants, n'ayant jamais eu l'intention d'établir de royaume ou de bâtir d'empire. Cherchant souvent à s'intégrer aux populations rencontrées, les clans pérégrins, admis au départ, finissent par subir le rejet. Leur économie fondée sur la razzia, le commerce des biens et des esclaves, crée de grands courants commerciaux avec pour axe principal la vallée du Danube. Les Celtes seront, sans doute, la première société d'opulence et de gaspillage.
"Comment se développent les migrations celtes?"
Parties des bords de la mer Noire au bronze moyen (vers 1200 avant J.C.), les premières migrations, en suivant le couloir danubien, pénètrent en Europe centrale. On les qualifie de pré-celtiques.
Puis, durant la période du Hallstatt (de 750 à 450 avant J.C.), des groupes de migrants venus de Bohême et de Moravie se dirigent vers l'ouest. Arrivés vers le centre de la Gaule ils se partagent selon deux directions différentes :
- certains vers le nord-ouest, franchissent la mer, visitent le sud de l'île de Bretagne et se fixent en Irlande.
- vers le sud-ouest, les autres groupes suivent la côte atlantique pour descendre à la rencontre des Ibères.
RESTEE A L'ECART DE CETTE MIGRATION, L'ARMORIQUE entretient de son côté de nombreux échanges avec les Brittoniques, les Pictes et les gallois.
Au Vè siècle avant notre ère, lors de la période de la Tène, un nouveau phénomène migratoire s'étend sur l'Europe. Durant les trois siècles qui suivront, de nombreux clans, de nombreuses familles accompagnées de leurs troupeaux et de leurs biens embarqués dans des chariots sillonneront ce vaste espace du nord au sud et d'est en ouest. C'est à ce moment que les Boïens s'installent dans le nord de l'Italie. Ils fondent la culture de Golasecca, avec Mediolanum (Milan) comme ville principale, avant d'être réduits par les légions romaines. On pourrait également évoquer le périple des Cimbres partis du Jutland et des bords de la Baltique pour une longue errance. Descendus jusqu'aux portes de l'Espagne, puis refoulés, ils se trouvent défaits par les armées de Caïus Marius vers Orange en 101 avant J.C.
Afin de garantir leurs implantations et sécuriser leurs voies de migrations, les Celtes créent des villes fortifiées. Alors le monde européen se couvre d'OPPIDA (sing. oppidum). En Bretagne, malgré leur étendue et aussi par l'absence de véritable investigation archéologique, le camp d'Artus au Huelgoat (29) et celui du Poulailler à Fougères (35) peinent à se faire reconnaître comme des OPPIDA.
Certains groupes migrants atteignant la Macédoine lancent des incursions dans les Balkans. Surpris par un hiver rigoureux et par une résistance inattendue, acculé à la défaite, leur chef Brennos met fin à ses jours. En 278 avant J.C., engagés comme mercenaires pour le compte de Nicodème de Bithynie roi de Thrace, les survivants, conduits par Lutérios, franchissent le Bosphore et entrent en Asie Mineure pour y conquérir de nouveaux territoires. Puis, suivant Ithridate du Pont, ils prennent possession d'une importante partie du plateau anatolien. Leur accordant à titre de remerciement des terres sur ce plateau (la Galatie), les deux rois grecs ne se doutent pas qu'ils sédentarisent là une communauté guerrière dont les Turcs et les Romains n'arriveront pas à bout. Ainsi installés dans une série de cités-états dirigées par une aristocratie militaire, les derniers Celtes nommés Galates maintiendront les traditions et la langue celtique jusqu'au début du Vè siècle.
"Qu'en est-il de l'Armorique?"
Bout du monde, péninsule excentrée par rapport au continent européen, l'Armorique, restée à l'écart des grandes migrations arrivant de l'est, entretient de nombreuses relations commerciales avec les nations qui la bordent. Alors que les échanges avec le sud de la Bretagne insulaire et avec l'Irlande restent fréquents, les communautés armoricaines développent une économie rurale sédentaire. Si certaines découvertes archéologiques (bijoux, poterie, incinération, etc..) confirment des influences culturelles venues du monde celtique, elles doivent être relativisées. Admettons qu''elle accrédite certaines relations avec nos voisins de l'est. Les ornementations sur des poteries peuvent aussi bien résulter d'échanges que de la production locale. Par ailleurs, l'organisation sociétale très hierarchisée, le système économique, la dissémination territoriale des populations, la surprenante rareté des grands sanctuaires, l'absence de certains rituels funéraires comme les riches tombes à char, la modestie de nos forgerons armoricains face à la grande maîtrise sidérurgique reconnue aux celtes, sont autant de données affirmant la réticence de ces derniers à vouloir s'enfermer dans ce territoire du bout du monde.
L'histoire de la MONNAIE conforte cette démonstration. Apparu au début du VIè siècle avant J.C., sous le règne de Crésus, roi des Lydiens, le monneyage est ensuite adopté par Darius Ier, lorsque ce dernier entreprend d'unifier les poids et mesures de son vaste royaume de Perse étendu de l'Indus au Bosphore. Au IVè siècle avant J.C. , Philippe II, réorganisant les finances de la Macédoine, impose les pratiques monétaires. Alors les Celtes, pourvoyeurs des grands courants commerciaux de l'Europe centrale, n'ont d'autre choix que de s'y soumettre. C'est ainsi que, parallèlement aux routes maritimes du bassin méditerranéen, on peut suivre la progression de la monnaie vers l'ouest du continent. La gaule celtique ne s'y adonnera qu'à partir du IIIè siècle avant J.C. Alors les Arvernes, les Parisii et les Ambianes de la Somme, placés sur les voies migratoires, frapperont leur monnaie.
Peu perméable aux influences venant de l'est, le monnayage n'est présent en Armorique qu'à partir du milieu du IIè siècle avant J.C. Il débarque par les voies maritimes vénètes. Mais il faut attendre la fin de ce IIè siècle pour voir les Osismes, les Riédones et les Namnètes battre leur monnaie. Ainsi cette référence d'échanges souligne bien les cheminements et le rythme de pénétration de l'''influence celte.
CES ARGUMENTS INTANGIBLES SE TROUVENT TROP SOUVENT ECARTES PAR LES TENANTS D'UNE BRETAGNE CELTIQUE.
"Alors doit-on admettre ne pas avoir vu la moustache d'un Celte en petite Bretagne?"
Afin de calmer les Bagaudes (révoltes du monde rural gaulois) qui se développent depuis le IIIème siècle, l'autorité gallo-romaine en place fait appel à des mercenaires de légions celto-bretonnes. Arrivent alors dans nos contrées quelques populations de la grande île de Bretagne. Après une courte accalmie, durant tout le Vè siècle, sous la poussée des Pictes, des Calédoniens, des Angles et des Saxons, des groupes civils encadrés par un clergé gyrovague (religieux allant de couvent en couvent) débarquent en petite Bretagne. C'est alors le temps de l'évangélisation menée par les saints bretons (Samson, Brioc, Tugdual, Maclou, Corentin, etc...). Ainsi, le littoral armoricain, puis plus tardivement l'intérieur, accueillant une population chrétienne, se structure autour d'un pouvoir spirituel imprégné d'un celtisme très atténué. Les communautés se regrouperont alors sous la férule de "machtierns" ou chefs de villages, dans une organisation influencée du schéma irlandais/britonnique/gallois. Mais ceux-là sont-ils encore des Celtes? Quelques décennies plus tard, bousculant le monde armoricain, les Francs et les Vikings relègueront aux oubliettes de l'histoire l'épopée celtique.
Trop accaparé par sa subsistance et les conflits de voisinages générés par la petite noblesse, l'homme du moyen-Age ne se soucie aucunement du phénomène celtique. De plus la monarchie absolue, étouffant toute identité concurrente, accapare l'espace de réflexion. Le Breton travaille la terre ou oeuvre pour le compte du "roulage breton", activité commerciale maritime du moyen-Age.
On peut donc, sans risque, avancer que les emprunts à la culture celte n'affirment en rien une relation génétique avec ces peuples venu de l'est. LES BRETONS d'ARMORIQUE, ISSUS DES PEUPLES DE L'AGE DU BRONZE, SONT LES HERITIERS DES CULTURES NEOLITIQUES dont les traces d'implantations restent multiples dans nos paysages.
LES GRANDS FLUX MIGRATOIRES CELTES (p.91 de l'ouvrage)
- environ 1300 ans av J.C. : Les Celtes partent des pourtours de la Mer noire en suivant le Danube et s'installent en Europe centrale.
- V et VI è siècles av J.C. : vers le nord de l'Italie (Boïens, Etrusques), le sud/est de la Bretagne insulaire, l'Ecosse et le nord de l'Irlande
- IV et Vè siècles av J.C. : couloir Rhodanien vers le nord de l'Italie (Ligures), Parisii (bassin parisien), Belgique (Belges), Pays de Galles vers l'ouest de l'Irlande, Auvergne (Arvernes), Pays basque espagnol et frontière portugaise (Celtibères)
- IIIè siècle av J.C. : Macédoine, Anatolie turque (Galates)
L'être humain et ses ancêtres :
- il y a de 8 à 5 millions d'années deux formes humaines mesurant 1,20 m, les "hominines", mammifères primates, entièrement ou en partie bipèdes (Toumaï, crâne découvert au Tchad Afrique de l'est y vivait il y a environ 7 millions d'années). De 4,5 à 2 millions d'années : les "australopithèques", singes du sud, étaient un bipède lequel disparaitra il y a environ 2 millions d'années (Lucy, Ethiopie Afrique de l'est, cerveau de 450 cm3.
Puis 2,5 millions d'années à environ 1,6 million, "Homo habilis", mesurant 1,40 m, l'homme habile car il taillait des pierres pour chasser - cerveau de 700 cm3.
Il y a 1,9 million d'années, "Homo erectus", l'homme debout mesurant 1,50 m, avec un cerveau de 1 000 cm3 qui améliore ses outils en travaillant le silex, une roche très dure. Important, ll a découvert comment faire du feu il y a 500 000 ans. (ex : St Colomban Carnac trace de feu 450 000 ans av J.C.). Disparu il y a environ 200 000 ans.
Et notre ancêtre direct?
deux "espèces" de 1,60 m à 1,80 m. avec un cerveau de 1 400 cm3, ont cohabité à certains endroits :
- l'Homme de Neandertal apparu il y a au moins 300 000 ans et qui disparaitra il y a 30 000 ans
- l'"Homo sapiens" qui est l'homme savant, habile chasseur, peintre, sculpteur, graveur ...Précurseur de l'agriculture, ll constitue à proximité des villages il y a 10 000 ans.
DU "PALEOLITHIQUE" A L'ART MEGALITHIQUE VERS L'AGE DE FER :
- Vers 700.000 ans av J.C. un groupe d'individus s'est arrêté dans la vallée de la moyenne Vilaine, près de la commune de Saint-Malo-de-Phily (35), pour y débiter de très frustes choppers (galets taillés sur une seule façe) dans un grès lustré trouvé sur place.
- aux alentours de 600.000 ans av J.C. des découvertes isolées signalent la présence de populations nomades "Homo erectus" en bordure littorale
- 450.000 ans av J.C. : période de la maîtrise du feu (St Colomban, Carnac)
- 52.000 ans av J.C. : premières sépultures au Paléolithique moyen, l'homme de Cro-Magnon réalise des peintures et gravures dans les grottes.
- 5.000 ans av J.C. : NEOLITHIQUE, PERIODE DU MEGALITHISME pendant 3.000 ans avec les alignements des 16 grands menhirs et les grandes stèles accompagnant le "Géant" de Locmariaquer (56) bloc aujourd'hui couché de 20 mètres de long, les "cairns", sépultures collectives à chambres multiples comme Barnénez (29) et ses 70 mètres de long. Signalons aussi les "allées couvertes" avec des tombeaux collectifs
- 2200 ans av J.C. l'Age du bronze se distingue par des dépôts de fondeurs, caste itinérante qui préfigure une phase pré-monétaire avec les "haches à douilles". C'est la période des "tumulus", des incinérations avec des vases funéraires et du culte solaire.L'homme du bronze délaissera la chasse au profit de l'élevage et des productions agricoles.
- 750 av J.C. : l'AGE du FER et trois et quatre siècles plus tard les migrations celtes en Gaule.
Dans son ouvrage "une promenade singulière à travers l'Histoire", Michel De Grèce nous raconte les "Celtes" :
" Il est un peuple dont on n'associe pas le nom avec l'Orient, un peuple qui a joué un rôle immense dans l'histoire, dans la civilisation : les Celtes. J'éprouve une étrange attirance pour eux. Je "devine" de loin un lieu celte.J'y découvre chaque fois des affinités étranges. On ne sait pas d'où ils viennent. Ils évoquent l'Irlande, l'Ecosse, le Pays de Galles, la "Bretagne". Cependant leur origine serait orientale. Ils ont fondé entre autres la ville d'Ankara, actuelle capitale de la Turquie, comme par ailleurs la ville de Prague. On connaît à peine leur histoire. Tout chez eux se transmettait oralement. Et pourtant ils ont gravé des traces profondes dans la culture mais aussi la pensée. Ils étaient puissamment versés dans l'ésotérisme. Ils avaient des pouvoirs, de grandes connaissances, ils choisissaient à la perfection leurs lieux sacrés."
Article O.F. samedi 24 octobre 2015 : Acigné : l'hémochromatose, quand le fer rend malade, héritage des Celtes. Première maladie génétique en France, l'hémochromatose touche une personne sur 200 en Bretagne. C'est une maladie à retardement qui se révèle à l'âge adulte. Cette conférence sera animée par le Pr P. BRISSOT, spécialiste du foie et des surcharges en fer rares d'origine génétique. Mardi 27 octobre, 14H30.
Mise en "forme" grand public : Alain GOUAILLIER
"L'Océan pour horizon, histoire maritime de la Bretagne des origines à nos jours
Yannick Lecerf : Origine armoricaine au mégalithisme façade Atlantique. Un livre de 125 pages avec de grandes révélations ! Editions www.skolvreizh.com
Le travail de recherche des meilleurs linguistes européens sur la façade Atlantique (Bretagne, Irlande, Pays de Galles, Cornouailles, partie Ecosse) aura remonté au début du Néolithique, fin Mésolithique, avec une communauté linguistique qui ne doit rien aux migrations de l'Age de Fer. Le fameux site de Stonhenge était abandonné à l'Age du Fer, sans caractère sacré. Les tombes datent de l'Age du Bronze avec pour occupants des "Gallois". Les peuples de la péninsule armoricaine, à forte identité culturelle, antérieure au mythe celtique, ne doivent rien à des groupes de migrants venus d'Europe Centrale. Ce livre fait référence et suscitera de très nombreux commentaires!
Entretien recueilli par Karin Cherloneix O.F. 28/11/2021 : "De tout temps, le marin breton a été un pionnier". Dans l'histoire mondiale, on évoque toujours les Phéniciens, les Carthaginois, .... ou l'explorateur Pythéas qui s'est lancé en Méditerranée pour aller dans le Nord en 325 av J.C.. Mais qui sait que les Bretons ont ouvert la route dès 1 500 ans avant J.C.? A l'âge de bronze, on partait déjà dans des pirogues, pas pour conquérir de nouveaux territoires, mais pour faire du commerce! Au Néolithique, les Bretons faisaient naviguer des pierres de 17 tonnes, ça donne une idée de la maîtrise! Une étude suédoise prouve que les mégalithes de toute la façade Atlantique ont été essaimés par les Bretons. Du Maroc au Danemark, 2 300 monuments représentent l'identité d'Armorique. Dès l'âge de bronze, on exploite du minerai d'étain qu'on vend en Méditerranée. Anne de Bretagne est visionnaire en armant les bateaux pour protéger l'économie. Les marins revenaient les cales pleines sous Louis XIV et enrichissaient la France."
Sites préhistoriques dans le Morbihan et Dol-de-Bretagne (Ille-et-Vilaine)
Jules Michelet, août 1831 : "Aller à pied de Lorient à Carnac et Locmariaker. Il y a des monuments tout le long de la côte. Voir les hiéroglyphes à Lokmariaquer sous le dolmen principal.... Auray : partir à quatre heures du matin, entre chien et loup, pour Lokmariaquer. Chemins très âpres et souvent périlleux. Théâtre sinistre de la guerre des chouans.. Ce nom de hiboux caractérise admirablement ces hommes au nez pointu, à l'oeil oblique, cette guerre du crépuscule dans les bruyères et les taillis. Plantes très épineuses. Partout des dolmens sur les bruyères élevées, ou des pierres préparées pour l'être. Ces pierres sont le point de départ de l'élan architectural dans l'Occident, comme en Egypte les (grottes). Le second pas est le dolmen, grotte artificielle.
Mars 2021 : reportage photographique commenté par Alain Racineux, historien acignolais :
- Le tumulus de Kercado, recouvrant un dolmen à couloir,est le plus ancien du Morbihan. Il est daté de 4700 av.J-C. C'est dire qu'il y a 6 700 ans, nos ancêtres honoraient déjà les morts !
- Le grand menhir de Locmariaquer [4 500 ans av.J-C.) atteignait 20m de haut et pesait 300 tonnes. Tombé du site au bout de 300 ans, il s'est brisé en 4 morceaux.
- Victor Hugo , 1834 : Les "peulvens" de Karnac font un effet immense. Ils sont innombrables et rangés en longues avenues.
- A Lokmariaquer, où j'ai eu beaucoup de peine à parvenir avec les pieds ensanglantés par les bruyères, il n'y a plus que
- deux (dolmens), mais beaux. L'un, couvert d'une pierre énorme, a été frappé par la foudre qui a brisé la pierre en (trois) morceaux.
- Le dolmen des pierres plates à Locmariaquer est un dolmen à couloir de 26 m de long. Il servait de chambre funéraire.
- - Un collier en variscite a été découvert dans une tombe du tumulus St Michel à Carnac. Il prouve que nos ancêtres commerçaient déjà avec l'Espagne il y a 6 000 ans !
- Menhir de Dol de Bretagne